Pour qui voterez-vous ? C'est con cette question, pourtant elle semble tabou, comme s'il était imprudent d'être fier de ses propres convictions, ou alors, comme si il n'y avait pas de quoi en être fier...
De leur côté, artistes et célébrités en tous genres prennent position, clament leur préférence pour la France de demain, se servent de leur influence ou de leur métier pour installer leur opinion au coeur de l'opinion publique à l'aube des présidentielles. Activistes d'une vie ou activistes d'un jour, activistes dans leurs actes ou activistes dans leur art, au fil des générations, il y a toujours eu et heureusement (ou malheureusement), au nom de la liberté d'expression (ou pas), des citoyens qui hurlent tout haut ce que beaucoup de nous pensons tout bas. Ça met un coup de pied dans la fourmilière, ça remue la merde, ça ne fait peut-être pas prendre conscience mais au moins le débat peut être lancé sans ce déguisement absurde que l'on appelle l'hypocrisie. N'est-ce pas ?
La France c'est un peu comme une grande famille malheureuse, disloquée, avec ses grands chefs de tribus qui dirigent ou aspirent à diriger, et ses petits chefs de tribus, sans doute plus représentatifs de nous-mêmes, que l'on appelle grandes gueules. Portes-paroles de "communautés" ou de classes sociales, défendeurs ou accusateurs, les journalistes, comédiens, chanteurs, humoristes, imposent et exposent leurs idéaux tel Coluche ou Balavoine à l'époque, tel Cantona, Guillon... ou encore Dieudonné, Zemmour aujourd'hui. (Et oui, c'est comme ça, même si tu peux pas les blairer). Sauf qu'entre la liberté d'expression et la censure, on a souvent l'impression (non en fait c'est un fait) qu'il y a deux poids deux mesures. Difficile alors pour nous, pauvres citoyens, de ne pas être influencés par une élocution plutôt qu'une autre...
Si je te dis que j'approuve certains propos de Zemmour t'en penses quoi ? Si je te dis que Dieudonné me fait souvent marrer t'en penses quoi ? Et si je te dis que je vénère Stéphane Guillon t'en penses quoi ? La vérité elle est là. Il faut donc un bouc émissaire, et c'est soit les immigrés et fils d'immigrés, soit les riches juifs soit les pauvres musulmans, soit les blancs face aux arabes et aux noirs, ou plus intelligents sans aucun doute, soit les citoyens français face à ses dirigeants à la con à qui on a envie de dire : "Casse-toi pauv' con !".
Mais on ne marchera pas ensemble contre la crise, la pollution, la délinquance... faut pas rêver, puisque l'on s'accuse incessamment mutuellement de tous les maux. Toute vérité n'est pas bonne à dire semble-t-il. Toute vérité n'est pas tout à fait vraie mais chacun possède sa propre vérité, et la vérité parfois, faut que ça sorte : "Comment aimer un pays qui refuse de nous respecter ?" dixit Kery James dans sa "Lettre à la République" qui comptabilise depuis sa diffusion (27 février dernier) plus d' 1.700 000 de vue sur YouTube...
Nous n'avons pas poursuivi notre histoire dans le bon sens, nous nous sommes tellement détachés les uns des autres pour nous accuser les un les autres qu'aujourd'hui c'en est douloureux. Et s' il faut accepter qu'un Zemmour fasse appel aux "chiffres" au risque de faire du mal, il faut sans doute accepter qu'un rappeur fasse appel à l'Histoire au risque de faire du mal notamment.
Mais s'extraire ou extraire l'autre de sa patrie sous un prétexte statistique ou historique relève malheureusement du non-sens quand on se dit citoyen à part entière. Et s'extraire ou extraire, poussé par l'amertume et la colère, semble décidément tout aussi douloureux que d'apprendre à vivre ensemble. Elle est donc là la vérité, y-aurait-il plusieurs France ?
Bebarock