Une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de conjoint (ou ex-conjoint).
Coup de poing, gifle, viol conjugal... s'il est plus "facile" de dénoncer les violences physiques, il est bien plus compliqué de prouver les actes de violences psychologiques : humiliations, intimidations, chantages, menaces, harcèlement... Dans un routine qui s'installe, la conjointe (ou conjoint) devient alors un souffre-douleur moral et affectif, dont les cicatrices sont à première vue indécelables.
La violence psychologique sévirait au sein d'un couple sur huit, un mal qui ne date pourtant pas d'aujourd'hui et qui conduit parfois à la dépendance affective, souvent à la dépression, pire, au suicide, mais sur lequel pendant trop longtemps les victimes chosifiées n'ont pas su mettre des mots.
Les pervers narcissiques
Cette semaine, Le Nouvel Observateur consacre un dossier sur les pervers narcissiques :
- Pervers narcissiques : enquêtes sur ces manipulateurs de l'amour
- Pervers narcissiques : "Tu te retrouves K.O sans comprendre"
- Pervers narcissique : 20 pistes pour les reconnaître
- Pervers narcissiques : "La meilleur protection, c'est la fuite"
Manipulateurs, les pervers narcissiques absorbent toute votre confiance en vous, vous tuent de l'intérieur. Ils séduisent dans un premier temps leur "proie", puis contrôlent dans une relation perverse de dominant à dominé, de "j'ai toujours raison et tu as toujours tort", de "je suis bien et tu es nulle", de "je suis mal donc tu dois avoir mal"...
Credit image : Le Nouvel Observateur
La violence psycholgique
Les disputes et engueulades, tous les couples y passent. On ne se privera sans doute pas de traiter son conjoint de tous les noms d'oiseaux dans un "consentement mutuel" lors d'une dispute, pour mieux se réconcilier par la suite, ou pas. De même, il nous arrive souvent de bouder les choix de l'autre, de ne pas être d'accord avec le choix d'une robe courte ou d'une affreuse cravate, de jalouser la collègue de votre mari, ou le meilleur pote de votre femme. Qui n'a jamais dans de gros moment de doutes, chercher dans le téléphone portable de son conjoint ? Ou casser une assiette sous la colère ?
Là est toute la complexité de la violence psychologique, d'où la difficulté de mettre en application la loi. Le pervers narcissique emprunte une conduite à priori banale dans les aléas de la vie de couple, mais décuplée, pervertie, calculée, diabolique, dans le seul but de tout contrôler et de s'approprier la vie son partenaire, pouvant même aller jusqu'à la victimisation pour le faire culpabiliser. Les véritables victimes peuvent alors rentrer dans un engrenage, banaliser les actes de leur bourreau, et normaliser dans une généralité : "Tous les couples passent par des moment difficiles".
Mais l'humiliation en public ou pas, les insultes et injures redondantes, l'acharnement et les comportements grossiers qui visent à rabaisser le conjoint, imposer ses choix vestimentaires, alimentaires, donner des ordres et interdire l'autre de sortir ou de fréquenter ses propres amis et sa famille, menacer de tuer ou de se tuer, tout casser, frapper dans les murs et les portes pour intimider le conjoint, sont des actes tout aussi pénalisables même si moins décelables que la violence physique (voir violencequefaire.ch).
"Tes bonne à rien", "Si tu pars je te tue, je tue les enfants, ou je me tue", "Je t"interdis de voir tes amis"... La jalousie maladive et le comportement possessif, agressif et humiliant qui vise à garder tout contrôle sur le partenaire et à broyer l'intégrité, ne doit pas être confondu avec une quelconque démonstration d'amour.
Bebarock