Blogs, réseaux sociaux, magazines et journaux s'alimentent encore et encore de témoignages de harcèlements de rue depuis la diffusion de la fameuse (et consternante) vidéo réalisée en caméra cachée par l'étudiante en cinéma Sofe Peeters à Bruxelles.
Un coup de pied dans la fourmilière, où désormais les fourmis plus que jamais solidaires, s'indignent à coups de hashtags et de coups de gueules, dénonçant ainsi regards insistants, dragues lourdingues, propos affligeants, manque de respect et mains au fesses... Dans ce débat loin d'être clôt, certains hommes se défendent comme ils peuvent, pointant du doigt leurs voisins ou les harcelées, avec des arguments qui grossissent à la loupe la taille rikiki de quelques jupes, le manque d'éducation qui ne concerne absolument pas leurs parents, ou encore le machisme ahurissant dont font preuve les communautés adeptes du voile "autres".
Seulement ne nous voilons point la face... mesdames, mesdemoiselles et messieurs, parce que ce débat qui commence à puer l'hypocrisie ne dit pas toujours tout haut ce que toutes et tous pensons et vivons tout bas. Et l'escalier est parfois très vite grimpé, voire enjambé, entre la marche du regard insistant, celle de la drague pourrie, celle du "file-moi ton 06", jusqu'à la marche du "t'es bonne, j'te mets ma main au cul". Soyons francs :
On n'aime pas se faire mater... par les moches !
Alors évidemment si tu ressembles à Jude Law et que tu mates DISCRETEMENT mes jambes interminables, j'esquisserai un sourire. Mais si t'as la tête à Franck Ribery, dégoûtée... j'aurai envie de te refaire le portrait...
On aime les hommes classes... bien éduqués !
Si quand tu me dragues t'es pot d'colle ça va pas l'faire. Inutile d'insister pour avoir un 06 obsolète, me proposer d'aller boire un verre si j'ai pas soif, et surtout t'étonnes pas si je remets en question l'influence de ta mère sur ta personne : si tu me traites de "salope", je te traiterai de " fils de pute".
Aussi qu'espères-tu en échange d'un primitif "suce ma bite" ? Un rapport où nous pourrions copuler comme des primates ? Là encore ta maman a du zapper tout ce qui aurait dû faire de toi un homme plutôt qu'un babouin...
On n'est pas d'la viande !
Comme en boucherie où l'on choisi un morceau de fesse plutôt qu'un bout de cuisse parmi toutes les viandes que tu espères retrouver dans ton assiette au dîner. Donc même si t'as le pognon pour bouffer, tu PEUX PAS toucher !
Les jupes courtes c'est pas pour vous (enfin pas seulement) !
Aller les filles... si vous portez des jupes ultra courtes, vous savez que vous-vous ferez reluquer (à moins d'être un royal boudin... et même comme ça...). C'est chimique, instinctif, primitif mais chimique... parce que la séduction n'inclut pas seulement les regards et les sourires, il y a aussi le décolleté, les jambes et les fesses moulées... qu'on met en valeur pour plaire (oui oui faites pas genre...), pour se plaire, et pour bien faire saisir aux autres nanas qu'on peut être carrément sexy nous aussi... Malheureusement dans cette énorme meute où règne la séduction s'est infiltrée l'indélicatesse et le viol verbal.
Halte là l'hypocrisie !
Les hommes parfois disent tout haut ce que nous aussi pensons tout bas. La différence entre eux et nous c'est une société qui a octroyé aux hommes une liberté qui semble avoir du mal à se faire valoir au féminin. Une différence que l'on pourrait qualifier de politesse, d'éducation ou de sentiments, là où on se garderait bien de dire "t'as d'beaux oeufs tu sais ?" et où l'on espère encore s'entendre dire "t'as de beaux yeux tu sais ?".
Puis ce débat... bien il vire une fois de plus en eau de boudin pas très halal : voile vs mini jupe, parce que forcément aguicheuses sommes-nous si courtement vêtues, ou encore 9-3 vs Auteuil-Neuilly-Passy, dans une généralisation qui occulte les BIGARDeries. Non seulement on tombe dans les clichés, au coeur d'une guéguerre civile qui oppose sexes et cultures, mais nous plongerons dans un débat qui fera vite fausse route si on ne s'en tient pas à l'essentiel : le respect du sexe opposé.
@crédit photo : Arthur Elgort
Bebarock