Tout comme pour le crêpage de chignon, je me suis demandée si l'action de médire ou d'alimenter des commérages n'est pas à 80% une pathologie féminine. Inutile de me siffler ou de m'envoyer vos "Bouhhh!!!" les filles, l'école de la vie m'en aura suffisamment appris pour savoir que quel que soit notre statut, activité ou réseau social, nous finissons par dire tout haut ce que nous pensons tout bas ou par répandre tous bas ce que nous ne pensons même pas, dans une démarche qui vise à faire du mal, à se faire du bien, ou par pure pulsion manipulatoire. La question n'est donc plus de savoir si le fléau sévit chez nous, mais plutôt de comprendre pourquoi...
Ton défaut qui fera de moi une femme un peu plus parfaite...
Pointer du doigt les défauts de l'autre et appuyer dessus comme une pustule remplie de pus prêt à exploser (dégueu hein...), c'est nier ses propres problèmes d'acné. Tout un art qui détourne malicieusement le regard de ses complexes les plus intimes.
Pire encore, prendre du plaisir à critiquer l'autre sans pitié dans une autosuffisance proche du complexe de supériorité : "Je pense que tu es plus nulle, donc je suis la meilleure..."
Seulement voilà, personne n'est parfait, et quand les faiblesses des unes font la force des autres, les faiblesses des unes les rongent tellement de l'intérieur qu'elles se sentent obligées de bouffer les autres...
Manque de confiance ?
Le manque de confiance en soi pourrait donc être l'une des raisons de cette calamité-dite "langue de pupute", ou le besoin obsessionnel d'être parfaite en toutes circonstances. Prenons un miroir par exemple, on s'y voit soi-même avec nos charmes et nos défauts, avant de se focaliser sur le moindre défaut. Ces mêmes défauts fictics ou bien réels qui peuvent passer complètement inaperçus au regard d'autrui se dissimulent malheureusement derrière un comportement d'aigritude redondant qui ne tolère aucun défaut, car encore faudrait-il accepter ses défauts pour percevoir ses qualités.
Moi jalouse ?
On dit des femmes qu'elles sont d'éternelles rivales. D'ailleurs tout notre fashion-system est alimenté par la jalousie : s'exposer sous son meilleure profil avec les meilleurs outils derniers cris. Ce cercle vicieux aurait sans doute pu rester futile s'il s'en tenait aux apparences mais il tournoie malheureusement dans tous les domaines et dans tous les milieux.
Ainsi les collègues de bureau, les mamans de l'école, les cousines et les copines ne se livrent pas seulement une modesque guéguerre sans merci, mais ouvrent la porte à moult compétitions stupides et incompréhensibles à l'oeil masculin souvent pris dans la tornade:
- Mais tu n'vois pas qu'elle fait ça pour me faire chier ?!
- Hein, quoi ? Heu... oui oui chérie..."
Avec moi ou contre moi !
Et ça, ça commence tout petit ! Les garçons jouent entre eux, forment des groupes, tandis que les filles jouent entre elles et forment des clans. Je le vois bien dans l'école de ma fille tout comme je l'ai vécu moi-même à l'école. Les garçons peuvent se battre puis on en parle plus, les filles jacassent et se pourrissent l'existence ! Les "Tu veux jouer avec moi ?" se poursuivent en "Toi, tu joues pas avec moi !" pour finir en tribus féroces au collège et au lycée.
Un comportement qui se développe avec l'âge, dans une maturation sexuelle qui s'approprie l'autre et l'autorise à arborer les mêmes codes comportementaux que lui, là où le moindre écart est perçu comme de la trahison. Mais une fois adulte, ces crises pourtant propres à l'adolescente ne tolèrent pas non plus que vous soyez l'amie de leurs ennemies.
C'est de la faute aux hommes ?
Notre société est misogyne ? Ok, mais qui sont les misogynes ? L'union fait la force mais nous ne sommes pas tout à fait solidaires ! Une jolie femme compétente a bien plus de chance d'être employée par un patron que celle qui sera moins jolie. D'une autre point de vue tout à fait objectif, une jolie femme compétente a moins de chance d'être employée par une patronne que celle qui sera moins jolie. Eh oui... le regard des hommes ne nous est pas suffisamment indifférent pour accepter que ceux-ci voient l'autre plutôt que nous, aussi nous établissons des comparaisons d'emblée dans une perpétuelle compétition sexuelle où la séduction devient l'arme fatale de la réussite. Du coup, le jour où une potentielle rivalité débarque au coeur d'une niche majoritairement régie par les hommes, tous les coups sont permis pour éradiquer la concurrence. Si si, de même que les hommes peuvent manipuler pour assouvir leur propre plaisir primitif dominatoire, les femmes se complaisent à vouloir rester leurs exclusivités en manipulant à leur tour... Peut-être serait-il temps de changer notre fusil d'épaule, non ?
Bebarock